La modernisation du pays s'accompagne de bouleversements que les systèmes sociaux traditionnels ont du mal à endiguer. Le sentiment de sécurité que procurait un Etat-providence a laissé la place - au lendemain de l'ouverture aux marchés internationaux - à un certain désarroi, dans une société imprégnée de culture bouddhique et, de ce fait, étrangère aux batailles de la concurrence. Les jeunes, qui rencontrent de plus en plus de difficultés à trouver une place en accord avec leurs compétences, expriment, parfois de façon violente, leurs inquiétudes. L'allongement de la durée des études les maintient plus longtemps dépendants d'une cellule familiale peu préparée à accepter les changements liés à une mutation rapide du pays. Ces problèmes économiques amènent par ailleurs un certain nombre de Sri-Lankais, en majorité des femmes, à s'expatrier, avec des effets prévisibles sur l'équilibre familial. Environ 800 000 Sri-Lankais ont quitté leur pays, dont 90 % pour le Moyen-Orient. Certes, la religion continue à jouer un rôle de cohésion, mais les religions traditionnelles n'échappent pas à la crise, au bénéfice de certaines formes nouvelles de religiosité. Le système des castes, même s'il n'a pas connu au Sri Lanka la même rigidité qu'en Inde, demeure un facteur d'organisation sociale, en particulier au sein de la communauté tamoule. Chez les Cinghalais, la grande division, au cours des siècles, s'est opérée entre les agriculteurs (govi), qui appartiennent à la caste la plus élevée (goyigama), et les autres. Quant à la communauté musulmane, elle bénéficie d'un efficace système de solidarité.