L'art du Sri Lanka est étroitement associé à celui de son voisin, l'Inde, tout en présentant, pour des raisons géographiques et historiques, de passionnantes singularités. Il est dominé par la place du religieux dans la production artistique traditionnelle - en particulier l'influence du bouddhisme.
Architecture, sculpture et peinture
Les fouilles archéologiques se sont multipliées, depuis plus d'un siècle, sous l'impulsion initiale de H.C.P. Bell et, récemment, avec le projet conjoint de l'Unesco et du Sri Lanka dit du « Triangle culturel ». Si les travaux relatifs à l'ère préhistorique sont assez limités, les recherches consacrées aux sites bouddhiques, notamment Anuradhapura, Polonnaruva et Kandy, ont conduit à de nombreux projets de restauration. Les monuments les plus impressionnants sont les stupas, certains de très grande taille, avec leur dôme hémisphérique. Construits de brique, souvent recouverts de plâtre peint en blanc, ils contiennent des reliques du Bouddha. Ils furent, à leur époque, les plus grands édifices du monde... si l'on excepte les Pyramides ! L'architecture civile, plus rare, est superbement illustrée par les vestiges du palais de Sigiriya, ou « rocher du Lion » (VIe siècle), oeuvre du roi parricide Kassapa. L'agencement de ses jardins dénote un sens aigu du paysage ; quant au rocher, il est orné d'élégantes nymphes éthérées offrant des fleurs... Panduvasnuvara (XIIe siècle) propose l'exemple d'une cité fortifiée, et Yapahuva (XIIIe siècle) étonne par la majesté de son escalier monumental qui conduisait au palais royal. Les découvertes archéologiques permettent de retracer l'histoire d'une sculpture qui a su utiliser les matériaux les plus divers. Les images du Bouddha sont nombreuses (Anuradhapura, Avukana, Seruvila, Polonnaruva). Les représentations rupestres de bodhisattvas (« êtres promis à l'Eveil »), en particulier le bodhisattva Avalokiteshvara, à Buduruvagala et Kustarajagala, ainsi que le bronze mis au jour à Veheragala en 1968, sont remarquables. Les plus belles sculptures classiques datent des Ve et VIIe siècles (le couple des « amants » et l'« homme à cheval » d'Isurumuniya). Sans doute l'art de la peinture a-t-il surpassé celui de la sculpture, surtout si l'on considère l'art d'inspiration bouddhique. Les peintures de Sigiriya (Ve siècle), Polonnaruva (XIIe siècle), Dambulla et Kandy (XVIIe siècle) témoignent de l'importance de cette tradition.
Sous les pas du pèlerin... la « pierre de lune »
Ces pierres de seuil semi-circulaires constituent la première marche d'un escalier donnant accès aux anciens monuments. Les motifs décoratifs varient des plus simples aux plus élaborés - lignes semi-circulaires, pétales de lotus et bestiaire symbolique du bouddhisme : une frise décorée d'oies (capacité de discernement), puis une rangée avec l'éléphant, le taureau, le lion et le cheval (naissance, vieillesse, maladie et mort), et enfin la rangée extérieure, emplie de langues de feu, qui introduit dans le monde de la souffrance. La forme semi-circulaire se maintint jusqu'au XIIIe siècle, à la fin du royaume de Polonnaruva, pour devenir, dès le XIVe siècle, totalement circulaire dans son motif central.
Danse
Au Sri Lanka, les traditions populaires cinghalaises et tamoules enrichissent un héritage où dominent les « danses kandyennes » et les « danses du diable ». A l'honneur sous les rois de Kandy du XVIe au XIXe siècle, la danse kandyenne est considérée de nos jours comme une danse nationale. La croyance en des forces surnaturelles explique l'intérêt, qui ne se dément pas, pour les rituels d'exorcisme, en cas de maladie ou de revers de fortune : ce sont les célèbres danses du diable.
Théâtre
L'une des quatre formes (Kolam, Sokari, Nadagam et Nurti) de théâtre populaire, le Kolam (« déguisement »), met en scène, durant parfois sept à dix nuits, des acteurs arborant des masques terrifiants, accompagnés de chants et de tambours. Une renaissance du théâtre marque la période qui a suivi l'indépendance, sous l'impulsion d'Ediriweera Sarachchandra et Henry Jayasena.
Musique
Si la chanson populaire occupe une grande place dans la vie des Sri-Lankais, avec des vedettes comme Pandit Amaradeva et Nanda Malini, il n'existe par contre pas de tradition musicale comparable à celle de l'Inde. Néanmoins, des compositeurs contemporains, comme Premasiri Khemadasa ou Lalanath de Silva, tracent une voie originale où se rencontrent les cultures de l'Orient et de l'Occident.
Littérature
La littérature classique n'échappe pas aux influences indiennes, avec l'apport spécifique de thèmes bouddhiques. L'Amavatura(Océan d'ambroisie), au XIIe siècle, et le Pujavaliya(Guirlande d'offrandes), au XIIIe siècle, sur la vie du Bouddha, sont les textes majeurs de la prose ancienne. Le Pujavaliya contient une histoire de l'île de Ceylan jusqu'en 1260, ce qui témoigne de l'importance de la littérature historique. La poésie(kavya) fleurit au XVe siècle avec les sandesa (poèmes-messages), où les convoyeurs des messages sont des oiseaux. Inspiré de l'auteur indien Kalidasa (IVe siècle), ce genre mêle élégamment allusions érotiques et sujets religieux. Le contact avec la littérature européenne élargit progressivement le champ traditionnel d'écriture. Nouvelles et romans se multiplient au XXe siècle, avec des auteurs de langue cinghalaise comme W.A. Silva ou Martin Wickramasinghe et de langue anglaise tels le philosophe et historien d'art Ananda Coomaraswamy et parmi les romanciers contemporains Michael Ondaatje, Romesh Gunesekera, Carl Muller ou Shyam Selvadurai.
Le Village dans la jungle, Leonard Woolf (L'Age d'homme, 1991). Un air de famille, Michael Ondaatje (L'Olivier, 1991). Le Patient anglais, Michael Ondaatje (L'Olivier, 1993). Le Fantôme d'Anil, Michael Ondaatje (L'Olivier, 2000). Récifs, Romesh Gunesekera (Le Serpent à plumes, 1995). Carnets indiens, Guido Gozzano (Actes Sud, 1998). Les Jardins de Cannelle, Shyam Selvadurai (Robert Laffont, 1999). Drôle de garçon, Shyam Selvadurai (10/18, 2000). Couleur cannelle - Une plantation de cannelle à Ceylan, Nicole-Lise Bernheim (Arlea, 2002). Les Larmes de Ceylan, Philippe Gilbert (Les Equateurs, 2005). Lisière du Paradis, Romesh Gunesekera (Gallimard, 2005).
Cinéma
Le cinéma sri-lankais est jeune, puisqu'il a fait ses débuts en 1948. Bien que n'ayant pas les moyens de son puissant voisin indien, il sait faire preuve d'originalité et de créativité, avec des scénaristes comme Lester James Pieris, et dans la jeune génération Prasanna Vithanage Bennet Ratnayake, Ashoka Handagama, Somaratne Dissanayake ou Vimukthi Jayasundara qui, avec son premier long métrage Sulanga Enu Pinissa (la Terre abandonnée), a remporté la Caméra d'Or au Festival de Cannes 2005.