Principale manifestation culturelle de l'archipel depuis 1985, le Festival créole se tient à Mahé, chaque automne, à la fin du mois d'octobre. C'est une véritable vitrine de la « créolité ». Pendant neuf jours, linguistes, écrivains, peintres, musiciens, chanteurs, danseurs, venus de Maurice, Rodrigues, la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, Haïti, Sainte-Lucie, la Guyane ou la Louisiane, mettent en scène les différents aspects de la culture créole francophone. La littérature, le théâtre, la musique, la danse, sont à l'honneur, mais l'architecture voire la cuisine ne sont pas négligées, grâce notamment à des reconstitutions de cases, des dégustations de recettes oubliées.
Architecture créole
Un perron de quelques marches qui conduit à une varangue, sorte de véranda ouverte sur la façade, caractérise la case créole, ou pti kaz. Ces maisons de bois, aux Seychelles, sont souvent peintes de couleurs vives, notamment en rouge, vert ou jaune, couleurs du drapeau national. Elles sont encore nombreuses dans les faubourgs des villes et dans les villages de l'intérieur. La tôle ondulée remplace hélas de plus en plus fréquemment les toits en feuilles de latanier. Mais, avec la rouille, elle se patine pour se fondre dans le paysage au bout de quelques mois. Les maisons de maître traditionnelles, gran kaz,témoins du passé colonial de l'archipel, résistent mal à l'épreuve du temps. Leurs propriétaires, faute de moyens pour les entretenir, les laissent à l'abandon. Leur aspect de plus en plus délabré a décidé le gouvernement seychellois à voter une loi en 1980 pour assurer leur sauvegarde. Un système de subventions a permis la restauration de quelques-unes des plus belles demeures coloniales. C'est le cas à Mahé, dans le village dit Artisanal, ou à La Digue, où la Maison Jaune est désormais l'annexe d'un hôtel.
« Sega » et « moutia » : le chant des esclaves
Ils remontent au début du XVIIIe siècle. Les esclaves des plantations se rassemblaient le soir autour d'un feu. Enhardis par quelques verres d'alcool, ils chantaient et dansaient. Ils s'accompagnaient d'instruments de fortune : une maravane, sorte de boîte emplie de graines sèches, une ravane, tambour recouvert de peau de chèvre ou de raie, et aussi des triangles. Leurs chants traduisaient joies et peines quotidiennes. Le sega prenait souvent une forme parodique. Avec leurs déhanchements caractéristiques, sega et moutia ont des origines africaines évidentes. Ils s'inspirent également du quadrille ou de la polka, imités des danses de salon des colons. D'ailleurs, dans les bals seychellois (kamtolés ), les contredanses copient directement la valse ou la mazurka.
Créole seselwa
Il mélange le français du XVIIIe siècle, ou vieux français Bourbon, aux idiomes africains parlés dans les territoires où les « marchands d'ébène » se livraient au trafic d'esclaves. Le créole que l'on entend dans les médias cultive volontiers les anglicismes. Le créole dit fin, celui de la bourgeoisie (par opposition au gros créole des couches populaires), paraît davantage francisé. Les Seychelles sont avec Haïti les deux seuls pays où le créole a rang de langue officielle. Il est même considéré comme une langue littéraire. Le théâtre de Molière, Le Petit Prince de Saint-Exupéry ou La Mégère apprivoisée de Shakespeare sont traduits en créole. Un dictionnaire français créole élaboré par un érudit local, Guy Lionnet, a été publié en 1983. Le créole ne connaît pas l'usage de l'article, ne distingue pas le genre des mots et ignore le pluriel. Les verbes ne se conjuguent qu'au présent, au passé ou au futur. L'écriture est phonétique. Les images auxquelles le vocabulaire recourt volontiers facilitent la compréhension. Une mous dymiel est une abeille, une bebet prive un animal domestique, une kotkot une poule.
Peinture seychelloise
Inspirés par les paysages, les couleurs et les lumières de l'archipel, de nombreux artistes se sont installés aux Seychelles. On peut qualifier leurs oeuvres de naïves. Souvent, elles évoquent la douceur de vivre des îles, restituant notamment des scènes quotidiennes, comme le retour des pêcheurs sur la plage. Citons Gérard Devoud, Christine Harter, Donald Adelaide. D'autres peintres exaltent la luxuriance de la végétation : Michael Adams, George Camille. Elizabeth Rouillon s'est, elle, spécialisée dans les planches botaniques. Depuis 1988, une Biennale des arts plastiques réunit chaque année à Mahé les meilleurs artistes de l'océan Indien.