La littérature sénégalaise, une des plus riches de tout le continent africain, apparaît très marquée par des préoccupations politiques et sociales ; ainsi le Panorama politique du Sénégal ou les Mémoires d'un enfant du siècle, de Mansour Bouna Ndiaye,Excellence, vos épouses, de Cheik Aliou Ndao, ou le Dernier de l'Empire et le Mandat, de Ousmane Sembene, également scénariste. Dans la lignée de Léopold S. Senghor, la poésie occupe une place privilégiée dans l'édition, les contes et légendes aussi, entre Birago Diop et Amadou Lamine Sall. Le roman policier cherche à se faire une place au soleil, notamment avec Djo Bass.
- Les Contes d'Amadou Koumba, Birago Diop, (Présence africaine, 1996). Entre humour et tendresse, une grande réussite. - Le Mandat, Ousmane Sembene, (L'Harmattan, 1968). Un livre remarquable que signe un des plus grands écrivains et cinéastes sénégalais contemporains. - L'Aventure ambiguë, Cheikh Hamidou Kané (Presses de la Cité, 1971). Un jeune Sénégalais à la rencontre de la tradition et de la modernité, entre l'Afrique et l'Europe. - Poèmes, Léopold Sédar Senghor (Le Seuil, 1984). Ce recueil des poésies majeures de l'ancien président du Sénégal est aussi une des oeuvres capitales du XXe siècle. - Le Roman d'un spahi, Pierre Loti (Gallimard, 1992). Pour revivre, dans un style haut en couleur, le Saint-Louis du XIXe siècle à travers les pérégrinations d'un engagé. - Leurres et Lueurs, Diop Birago (Présence Africaine, 1960). Toute la magie africaine à travers une poésie qui tantôt nous berce, tantôt nous inquiète, toujours nous émeut. - Niiwan, Sembène Ousmane (Présence africaine, 1987). La confrontation de l'Afrique de la brousse et de l'Afrique de la ville. - Un chant écarlate, Mariama Bâ (NEAS, 1987). L'ouvrage le plus connu de la célèbre romancière sénégalaise. Il aborde, avec doigté et en profondeur, le délicat problème des mariages franco-africains.
Cinéma
Le Sénégal s'est intéressé à l'art cinématographique dès 1955/60, notamment avec Mamadou Sarr et Paulin Vieyra. Mais c'est Ousmane Sembene qui, avec Borrom Sarret (1963) et la Noire de… (1966), permet au cinéma sénégalais de franchir les frontières de son pays. En 1988, il sera primé au festival de Venise avec le Camp de Thiaroye. Les moyens financiers ne sont pas toujours au rendez-vous d'une production foncièrement originale. De Seck Amadou Saalum à Moussa Yoro Bathily, les réalisateurs sénégalais ne manquent ni de personnalité, ni de talent. Mais ils ont du mal à percer à l'étranger. Et ils résistent difficilement aux productions américaines, mais aussi françaises, indiennes et égyptiennes, qui envahissent les écrans du pays.
Senghor, entre politique et poésie
Professeur agrégé de grammaire, Léopold Sédar Senghor, né en 1906, est élu député SFIO en 1945. Amour pour la langue française et passion pour la politique dominent sa vie. Condisciple et ami de Georges Pompidou, au lycée Louis-le-Grand, il s'affirme comme un essayiste et un poète de grand talent ; il est l'auteur de Chants d'ombre, Ethiopiques, etc. Chantre de la négritude (il a inventé le mot), il saura mettre en évidence l'identité culturelle de l'Afrique, tout en nourrissant un projet moderne pour le Sénégal. Catholique, il voulut d'abord devenir prêtre. Aujourd'hui, ce grand humaniste, mort le 20 décembre 2001, constitue une figure emblématique du continent africain.
Musique et chant
Le rythme : les Sénégalais l'ont dans la peau. Depuis toujours, musique, danse, chant appartiennent à leur vie quotidienne. Ils naissent et meurent entre battements de mains et déhanchements, aux sons du balafon (xylophone), du tama (tambour d'aisselle), du khalam (guitare à une corde). Chaque groupe ethnique possède ses instruments, ses rites et ses sonorités propres, même si le rythme de base est toujours communiqué par les tam-tams. L'inspiration du moment compte beaucoup. Pourtant, la coordination entre chanteurs, danseurs et musiciens semble toujours parfaite, même lors de la plus modeste fête de village. Au Sénégal, la grande et belle ombre de la musique traditionnelle enveloppe jusqu'aux pistes de danse des boîtes de nuit à la mode. Mais les artistes sénégalais ont également su créer une musique africaine moderne. Au cours de ces dernières années, elle a déferlé sur le monde entier, grâce à des pionniers, comme le trio Touré Kounda ou le groupe Xalis. Aujourd'hui, c'est sans doute un Wolof, Youssou N'Dour, disque d'or avec son tube Seven Seconds, qui symbolise le mieux cet extraordinaire renouveau. La plupart des musiciens du Mali, du Bénin, de la Côte-d'Ivoire, de Guinée enregistrent leurs CD au Studio 2000 de Dakar, qui lui appartient. Mais on pense aussi à Baaba Maal, originaire du nord du Sénégal, dont la musique mêle, avec beaucoup de doigté, les sons du balafon et les accords de la guitare électrique. Il s'inspire des chants peul traditionnels qui, sur des rythmes de jazz ou de reggae, dérivent, en douceur, vers l'évocation des difficultés auquel son pays se trouve confronté. A la fois chansonnier et griot des temps modernes, l'homme ne laisse aucun sujet de société dans l'ombre. D'une chanson à l'autre, il dresse un portrait réaliste du Sénégal contemporain et, surtout, de sa jeunesse, sur des rythmes qui emportent l'adhésion des foules. Les femmes ne sont pas absentes du nouvel élan que connaît la musique sénégalaise, notamment avec Coumba Gawlo, magnifique Dakaroise d'un mètre quatre-vingt découverte par Patrick Bruel. Les Français ont pu apprécier sa nouvelle version - en wolof - de Pata Pata, tube des années soixante qu'interprétait Myriam Makeba, le modèle préféré des jeunes artistes africains. Coumba Gawlo, fille de musiciens, a connu les planches à l'âge de sept ans. A quatorze ans, elle était sacrée « Voix d'or du Sénégal », l'équivalent, en France, des « Victoires de la musique ». Avec plusieurs albums derrière elle, Gawlo a, comme beaucoup d'artistes sénégalais, une bonne cause à défendre : celle des enfants déshérités de son pays. Ibra Kass, père de la musique sénégalaise moderne et célèbre animateur de l'orchestre Star Band de Dakar, est aujourd'hui décédé. Le talent des chanteuses et chanteurs qui lui ont succédé a contribué à faire connaître et aimer le Sénégal à travers le monde. De plus en plus, les sons latins se mêlent aux rythmes locaux. De cette rencontre explosive est né le mbalax, qui enflamme les pistes de danse. Le célèbre groupe Africando est particulièrement influencé par la musique cubaine. Pape Seck, son fondateur, est mort en 1995, mais il demeure très présent dans la mémoire artistique du pays. Aujourd'hui, le Sénégal compte près de 3 000 groupes de rap.
Ousman Sow, sculpteur et philosophe
En 1999, un sculpteur sénégalais a illuminé le printemps parisien : Ousman Sow, un ancien kinésithérapeute d'une soixantaine d'années, qui a exposé son travail sur le pont des Arts. Autour d'un personnage central, Ousman Sow raconte une histoire ; par exemple, celle de la bataille de Little Big Horn. Ses sculptures apparaissent d'autant plus spectaculaires qu'elles mesurent de 2 m à 2,80 m de hauteur : l'artiste dakarois souhaite qu'on puisse les voir de loin. Leurs yeux - des billes de bois - sont particulièrement impressionnants. « C'est sous la pluie que je préfère mes sculptures… les gouttes d'eau leur donnent la vie ». Pour les fabriquer, Ousman Sow utilise une vingtaine de produits, qui macèrent longuement dans des barriques. Dans sa maison de Dakar, il possède une « pièce de la sagesse ». Indifférent au succès, il y médite des heures durant.