A Dublin, le cybercafé gagne du terrain sur le pub, les distributeurs de préservatifs éclosent à chaque carrefour et, peu à peu, les designers remplacent les bouquinistes et les yuppies les philosophes. Aujourd'hui, 58 % des habitants de la république d'Irlande vivent dans les villes. Ils aspirent, sans honte, à la réussite matérielle. Longtemps étriqué, replié sur lui-même, le pays s'est enfin dégagé de ses complexes vis-à-vis de l'Angleterre, ne serait-ce qu'en réduisant des deux tiers sa dépendance commerciale avec elle. Il secoue ses politiciens en dénonçant, haut et fort, leurs turpitudes. Il laisse, petit à petit, la censure tomber en désuétude. Surtout, il ne remâche plus les mille avanies de son passé. L'homosexualité a été décriminalisée, le divorce légalisé. Bref, l'Irlande respire un grand coup, en libérant ses énergies, en dépoussiérant ses mentalités. Mais elle n'échappe pas, notamment à Dublin, à Cork ou à Limerick, aux inévitables tensions liées au passage rapide d'une société rurale à une société urbaine. Cependant, aujourd'hui encore, le pays compte parmi les plus sûrs d'Europe.