La première manifestation de la culture javanaise, c'est la langue. Sa simplicité n'est qu'apparente. Dans la région de Yogyakarta, elle se module en fonction du rang social de l'interlocuteur et de la situation du moment. Quant à l'art, ses manifestations touchent tous les supports, depuis le métal (les kris) jusqu'à la voix. L'art indonésien est né d'apports artistiques et géographiques multiples. Au niveau des arts graphiques, l'islam ne lui a pas fourni d'éléments majeurs bien qu'on en relève les effets ici ou là.
L'art indonésien figuratif
Son substrat est hindou ou plutôt indo-aryen, groupe venu du sud de l'Europe et de l'Himalaya, qui repoussa les Dravidiens vers le sud de l'Inde. Pour ce faire, il usa d'une ruse : la démonologie, qui illustre le surnaturel par l'image pour faire peur. Ainsi sont nés les démons exophtalmés aux grimaces agressives et aux couleurs de feu. Telles sont les caractéristiques de l'art indonésien figuratif.
Les textiles : l'art du batik
Batik, art qui serait né à Java autour du XIIe siècle, signifie « tracer un point ». La technique (application de cire chaude sur une cotonnade pour élaborer un dessin par soustraction : la teinture ne franchit pas la cire) est simple, le résultat d'une beauté infinie. Les motifs, d'inspiration hindoue, dépeignent l'influence des démons et la luxuriance de la nature à travers la fantaisie des lignes et la sobriété des couleurs. On distingue les batiks tulis, faits main par des femmes, des batiks cap (impression au pochoir de cuivre). Les plus beaux viennent du centre de Java et Pekalongan est la ville du batik.
Le théâtre
Il s'agit le plus souvent de marionnettes manipulées et accompagnées de chants et de musique. On distingue plusieurs formes de wayang (théâtre) : Le wayang kulit du centre de Java, aux marionnettes découpées de profil dans du cuir de buffle et déplacées entre une source lumineuse et un écran blanc. Chaque spectacle de ce théâtre d'ombres dure 9 heures et se termine à l'aube ! Le wayang klitik de l'est de Java, où les marionnettes sont en bois car il y a peu de buffles dans cette région. Le wayang golek du pays sundanais, où les marionnettes en bois apparaissent au-dessus du drap. Le wayang orang, où les marionnettes, humaines, se comportent comme de vraies marionnettes aux mouvements saccadés. Ce spectacle de cour impressionnant serait apparu au XVIIe siècle. Le wayang beber, théâtre d'images déroulées entre deux poteaux (et commentées par un récitant) qu'on peut voir uniquement dans le port de Pacitan, au sud-est de Java.
Les danses
La plus célèbre est le bedoyo, danse de cour exécutée uniquement devant le sultan. Son cérémonial complexe touche à l'habillement des très jeunes danseuses, aux répétitions et à la représentation elle-même. Le bedoyo est rite et hymne à l'amour : chaque geste, chaque détail a sa signification.
La musique
Omniprésente dans la vie quotidienne du Javanais, de la sirupeuse musique des amours modernes en cassettes au traditionnel orchestre de percussion nommé gamelan (de gamel, « marteau ou acte de frappe »), il associe une majorité d'instruments de percussion (métallophones, gongs et tambours) à quelques instruments à vent et à cordes ainsi qu'à la voix des chanteurs. Les gamelan accompagnent les spectacles de danse et de marionnettes qui retracent certains grands moments de la mythologie hindoue comme le Ramayana et le Mahabharata.
La sculpture
C'est le matériau qui dicte ses lois. En matière de sculpture sur bois, le meilleur exemple est celui du Garuda, aigle mythique ayant servi à transporter Vichnou. Les Javanais lui ont trouvé une forme spécifique, détaillant l'empennage pour traduire le mouvement des ailes du rapace. rapace. On peut admirer là une amorce de traduction de la vitesse ou de l'expression métaphysique des sentiments humains (crainte, douleur ou simplement peur). L'absence de joie et de sourire est-elle le prolongement de terreurs ou le besoin de les inspirer au prochain ? En résumé, l'indianisme a fait régner la peur à travers une bonne partie de l'Asie jusqu'à ce que Bouddha survienne pour calmer le jeu... A Borobudur, on se dit qu'une région si riche en volcans a doté le sculpteur d'un autre matériau idéal : la pierre de lave, dense et pesante, mais assez facile à travailler. Profondément artiste, le Javanais extériorise sa vie intérieure par un luxe de formes et de gestes. Il reste pourtant énigmatique, malgré le foisonnement de détails formels dans le discours peint ou sculpté. Plus il parle, plus il se répète et moins il en dit...
Bali
Comment démêler le sacré du profane dans l'art balinais ? Les grandes sagas hindouistes sont une source d'inspiration inépuisable. En plus, l'exploitation à grande échelle de la culture et de l'artisanat balinais ont été l'objet d'une directive provinciale dès le début des années 1970...
La peinture
Longtemps confinée à un rôle narratif sur les panneaux des sanctuaires ou les calendriers astrologiques, ses artistes les plus renommés venaient du royaume de Klungkung et surtout du village de Kamasan. La peinture balinaise a fait parler d'elle avec l'arrivée d'artistes européens sur l'île (l'allemand Spies, le belge Le Mayeur et le hollandais Bonnet), au tournant de la guerre. Décrivant avec émotion chaque instant de la vie balinaise, ils suscitèrent des vocations chez les insulaires avec le mouvement Pita Maha (1936), coopérative artistique créée avec l'aide du roi d'Ubud. Certains artistes balinais ont acquis une renommée internationale et plusieurs villages sont devenus des galeries où l'art est tout sauf naïf ! Spies et Bonnet ont catalysé l'ouverture de la peinture balinaise au monde moderne sans y provoquer de changements fondamentaux, l'artiste balinais peignant d'instinct sa peinture de façon frontale plutôt qu'en profondeur. Curieusement, à l'inverse de la psychologie des Balinais, on n'y sent pas d'intériorité. Elle est pourtant là, sous-tendue par un facteur complexe, secret : la croyance religieuse.
Sculpture sur bois : les masques
En principe, c'est un long travail réalisé par un sculpteur brahmane, qui coupe un arbre pule à un moment donné, suivant un rite déterminé. Il faut du temps avant qu'un masque peint, orné de tous ses accessoires, soit déclaré « vivant » par son créateur. Il y a donc masques et masques...
La musique et la danse
Le son du gamelan fait partie de l'environnement sonore de Bali comme le bruit de l'eau. C'est un ensemble d'instruments de percussion qui peut compter jusqu'à 50 musiciens. La plupart des instruments sont des métallophones à lames ou à gongs mais il y aussi des tambours (kendang). Expression de la foi au même titre que la peinture, la danse ne souffre aucune improvisation. A la différence de Java, où elle était un art de cour, elle constitue, à Bali, un art religieux, un prolongement du geste rituel, mais aussi un art populaire, où les émotions sont perceptibles. Parmi les danses les plus célèbres : - Le legong, la plus féminine, où deux danseuses et une suivante miment un épisode du Malat (récit épique où une princesse résiste à son ravisseur). - Le topeng (topeng signifie « masque ») est une chorégraphie à trois ou quatre danseurs masqués. Elle s'inspire des hauts faits des anciens rois de Bali et de leurs cours. - Le kecak, ou « danse des singes », est la plus impressionnante, surtout le finale. Tirée d'un passage du Ramayana où Hanuman, le roi des singes, sauve la belle Sita, elle peut réunir 150 danseurs scandant « Tkak ! Tjak ! » autour d'une seule torche jusqu'à tomber en transes. - Le barong est une danse d'exorcisation pratiquée dans les temples. Elle symbolise la lutte du Bien (le barong, monstre bénéfique à face de sanglier, de tigre ou d'éléphant mû par deux danseurs) contre le Mal (la sorcière Rangda, qui incarne aussi la mort). Armés de kris (couteaux), les danseurs peuvent entrer en transe et s'automutiler... mais le barong les protège... en principe.
Lombok
Chez les Sasak, ils reflètent la poésie animiste, le bon sens paysan... et une pincée à peine perceptible de fantaisie. Dans leur expression, on retiendra :
L'architecture sasak
Elle est en voie de disparition, avec ses maisons aux toits de paille coniques, cintrés et tombant presque jusqu'au sol. Suivant le Watu Telu, on distingue trois types de maison (familiale, elle-même divisée en trois sections, communale et grenier). La maison sasak fait appel au bois, au bambou, à l'argile et à l'herbe alang-alang pour la toiture.
Le tissage
L'apanage des femmes. Les villages de Pringgasela et de Sukarara sont réputés pour leurs ikat (étoffes en coton filé main) brodés de fils d'or ou d'argent.
Les danses
Elles tendent à devenir un peu plus fréquentes qu'à l'ordinaire à cause du tourisme. Le gandrung est une danse d'amour, le peresehan est plus un combat qu'une danse guerrière et toutes deux évoquent assez fortement Bali. A l'inverse, le rudak et le tandak gerok sont des danses traditionnelles sasak.
La musique
Le gamelan grantang est un ensemble de xylophones de bambou.