Au XIXe siècle fleurissent les oeuvres de commande, surtout des portraits des puissants d'alors. C'est avec le XXe siècle que naît une expression picturale plus personnelle, plus inspirée, même si elle s'inscrit dans la lignée des maîtres européens. Xavier Le Juge de Segrais et Max Boullé, tournés vers les scènes de la vie quotidienne, sont influencés par les impressionnistes. Malcom de Chazal, lui, flirte avec le surréalisme. C'est Hervé Masson qui introduit vraiment l'école moderne à Maurice. Méjugé et même critiqué chez lui, il est le seul peintre mauricien à connaître un succès international. Si des artistes comme Serge Constantin ou Youssouf Wachill restent assez attachés à l'art figuratif, la plupart des peintres mauriciens d'aujourd'hui se tournent vers une expression plus abstraite, tels Véronique Le Clézio, Hervé Decotter ou Khalid Nazroo.
La littérature
La littérature mauricienne témoigne du caractère persistant de l'influence francophone sur l'île. Au XIXe siècle, les écrivains locaux, en majorité créoles, choisissent de s'exprimer dans la langue de Molière. Certains d'entre eux, tel Malcolm de Chazal, préfèrent même vivre quelque temps à Paris, s'imprégnant de la littérature française du moment. Les auteurs contemporains, comme Carl de Souza, restent très attachés à la pensée hexagonale. Les cultures indienne et, dans une moindre mesure, africaine ont également inspiré nombre d'ouvrages, notamment sous les plumes de Robert-Edwart Hart, grand chantre des textes sacrés hindous, ou de Marcel Cabon, envoûté par le continent noir. Maurice apparaît également comme une source d'inspiration majeure pour nombre d'écrivains étrangers : Mark Twain et Joseph Conrad pour les auteurs de langue anglaise, Bernardin de Saint-Pierre, Charles Baudelaire et Alexandre Dumas pour les Français, sans oublier, plus près de nous, Geneviève Dormann et Jean-Marie Le Clézio, mauricien de souche il est vrai.
La musique
D'origine africaine, le sega, devenu propre à Maurice, a été introduit sur l'île au XVIIIe siècle par les esclaves noirs. Il fut d'abord joué sur des instruments très simples : la rabane, la maravane et le triangle. Aujourd'hui, il bénéficie d'interprétations plus modernes, notamment dans les hôtels, tout en conservant ses rythmes lancinants et ses symboles érotiques. Presque oublié il y a vingt-cinq ans, il apparaît, de plus en plus, comme un élément essentiel, voire fédérateur, du patrimoine mauricien.
L'architecture
Sous l'égide de Mahébourg de La Bourdonnais, gouverneur au XVIIIe siècle, Maurice se dote de demeures souvent somptueuses, construites par des charpentiers de marine et des esclaves sur des plans établis par des architectes français. Absence d'entretien, dégâts causés par les cyclones ou par les termites : les cases créoles comme les villas coloniales sont souvent en piteux état. Beaucoup ont même disparu. Il en est de même pour les « campements », ces constructions légères de bord de mer, apparues au XIXe siècle : leur toit en paille et leur structure en bois (le ravenala) les condamnaient à court terme. L'architecture religieuse, elle, se porte mieux. Avec leurs nombreuses statues et leur badigeon vif, les temples hindous sont vraiment splendides, comme les pagodes aux tons chauds et les minarets blancs des mosquées.
La philosophie de la varangue
Plantées au coeur de la canne à sucre et typiques de l'architecture coloniale française, les demeures de maître créoles (fin XVIIIe-début XIXe siècle) se caractérisent notamment par leur varangue : une vaste terrasse couverte, souvent ornée d'une balustrade ouvragée, qui assure la transition entre l'intérieur et l'extérieur. Son toit en argamasse (mélange de chaux, d'oeuf et de sucre) est soutenu par un jeu de colonnes. Des stores ou des persiennes la protègent du soleil, de la pluie ou du vent. La varangue exprime tout l'art de vivre mauricien. C'est un lieu privilégié pour le repas, le travail ou la sieste, pour la famille ou pour les amis. Y bat le coeur de la maison.