L'architecture naît avec l'art mycénien. Celui-ci, influencé par l'art minoen de Crète, alors phare de la civilisation méditerranéenne, cultive son originalité, avec des créations comme les palais des rois, les murs cyclopéens, les tombeaux à coupole et la porte des Lions. Après la période archaïque, durant laquelle on crée temples et statues monumentales religieuses, l'époque classique est un âge d'or, influencé par les fastes entrevus en Perse par les ambassadeurs et les prisonniers des guerres médiques. C'est le triomphe de Phidias, génie complet, qui manie autant le ciseau que les règles des proportions monumentales. Le temple se fait dorique en Grèce continentale et ionique en Asie Mineure et dans la mer Egée ; la sculpture devient réaliste, avec les grands sculpteurs Scopas, Praxitèle et Lysippe. Elle deviendra encore plus expressive durant l'ère hellénistique, tournée vers les cités d'Asie Mineure et de Rhodes. Entrée dans l'ère byzantine, la Grèce adopte l'architecture de Constantinople, érigeant les premières églises à coupoles, luxueusement décorées de mosaïques et de fresques. Peu change sous la domination ottomane, que la Grèce tentera d'effacer au XIXe siècle dans un mouvement néoclassique.
La littérature
Après l'épanouissement du genre lyrique, Homère, « père de la littérature hellène », inaugure le genre épique, au XVIIIe siècle av. J.-C., avec ses indémodables Iliade et Odyssée. A sa suite, la liste des écrivains grecs qui ont changé la littérature occidentale est longue : Hérodote, Thucydide, les poètes Alcée, Pindare et Sapho, sans oublier les nombreux philosophes, Socrate, Platon et Aristote en tête, qui ont donné ses bases à la pensée occidentale. Au XIXe siècle, Dyonisos Solomos ouvre une autre voie à la littérature en écrivant dans la langue de la rue, enrichie de mots savants : le grec moderne est né. Jean Psichari, auteur de Mon Voyage (1888), et Alexandre Papadiamantis, avec sa Meutrière, en témoignent. Le plus grand écrivain moderne est le Crétois Kazantzakis, auteur du fameux Alexis Zorba (1946) et du Christ recrucifié (1954). Parmi les succès plus récents, notons Le Quart (1989), de Nikos Kavvadias, et La Langue maternelle (1995), de Vassilis Alexakis. Du côté des poètes, deux fils de la Grèce, Georges Seféris et Odysseus Elytis, se sont assuré une réputation mondiale en récoltant le prix Nobel.
Le cinéma
Le cinéma grec a pris une envergure internationale avec Théo Angelopoulos, prisé par le festival de Cannes, qui a récompensé son Regard d'Ulysse et L'Eternité et un jour, et Costa Gavras, qui a immortalisé la période dictatoriale dans Z (1968). Bien que né à Chypre, Michel Cacoyannis a immortalisé à l'écran le Zorba (1965) de Kazantzakis.
La musique
L'art de la Grèce, c'est la musique. Il regroupe tous les autres : « choeur » vient de horos, qui désigne la danse ; chanson se dit tragoudi (« tragédie » !), orhestra signifie scène de théâtre… Interdits de monuments par les gouverneurs turcs, les Grecs ont compensé avec la musique. Le kleftiko a chanté les coups de mains des Kleftedes contre l'occupant. Le dimotiko regroupe toute la variété des instruments ruraux : tympanon (santouri), cornemuse (gaita), bombarde (zourna). Avec rebetiko, musique des mauvais garçons, a fait la gloire du bouzouki d'Asie Mineure et de sa petite soeur, la baglama. Pendant la dictature, la France a accueilli deux compositeurs de taille : Yannis Xenakis, auteur de Nuits (1968), et Mikis Theodorakis, d'inspiration plus populaire. La Grèce a vu le triomphe de grandes voix : Rosa Eskenazi, l'émigrée de Smyrne, Maria Callas, la soprano aux dons tragiques, Sotiria Bellou, la voix chaude des bas-fonds, Maria Farantouri, le cri sourd du peuple, et, plus près de nous, la voix prenante d'Alexiou…