De la période coloniale jusqu'à l'indépendance, la rencontre entre l'art européen et l'art indien donne naissance à l'Ecole de Quito. Elle s'est appliquée à ajouter aux oeuvres religieuses européennes l'expertise des Indiens en sculpture, peinture et usage de l'or. Une kyrielle de ces oeuvres, témoignages de la richesse de la période, orne encore aujourd'hui les bâtiments et les nombreuses églises de la capitale. Les plus importants représentants de cette école sont Manuel Caspicara Chili, Bernardo Legarda ou encore Miguel de Santiago. Après une période néoclassique au XIXe siècle, le siècle suivant donne naissance au mouvement indigéniste dont les représentants phares sont Eduardo Kingman (1913-1998) et Oswaldo Guayasamín (1919-1999). Cette génération marque une cassure avec les préoccupations artistiques antérieures. Tous deux issus de l'école des Beaux-Arts de Quito, ils représentèrent pour la première fois dans des peintures les Indiens, dénonçant l'exploitation dont ils étaient victimes et les représentant souvent en situation de souffrance. De manière générale, Guayasamín s'appuiera fortement sur le cubisme et le surréalisme pour dénoncer l'injustice, les guerres et la folie des hommes.
L'hymne national équatorien par un Français
Né en Corse en 1818, diplômé du conservatoire de musique de Milan et de celui de Vienne, Antonio Neumane s'installe à Guayaquil en 1851. En 1866, il compose la musique de l'hymne national équatorien, sur des paroles de l'écrivain Juan Léon Mera. En 1870, il fonde le Conservatoire national de musique, basé à Quito, dont il fut le premier directeur et qui porte aujourd'hui encore son nom. A l'exception de l'hymne, il ne reste malheureusement rien de ses oeuvres qui brûlèrent lors du gigantesque incendie que connut Guayaquil en 1896.
La littérature
La majorité de la littérature équatorienne reflète d'une part les dissensions politiques et la rivalité entre libéraux et conservateurs et entre la Côte et la Sierra, et d'autre part les injustices vécues par les Indiens et les laissés-pour-compte de la société. Parmi les principaux auteurs du pays, on peut citer Juan Montalvo (1832-1989). Né à Ambato, démocrate et libéral, il fut très critique des dictateurs de l'époque, en particulier de García Moreno, et développa de nombreux thèmes revendicatifs. Son oeuvre la plus connue est Siete Tratados (1882), qui compare Bolívar à George Washington. Juan Léon Mera (1832-1994), quant à lui, écrivit les paroles de l'hymne national. Essayiste, romancier et poète, son oeuvre de référence est Cumanda (1891), qui dépeint la vie indienne au XIXe siècle. Le plus important auteur du XXe siècle est sans doute Jorge Icaza (1906-1979). Ecrivain, acteur et diplomate, il dénonça dans ses oeuvres les injustices vécues par les Indiens depuis la conquête espagnole et aborda la situation sociale du début du siècle. Son ouvrage principal reste Huasipungo (1934), dans lequel il raconte le vol de terres fait aux Indiens et le massacre de ceux qui s'y opposent. Pour aborder la littérature contemporaine, on peut citer Diez cuentistas ecuatorianos (1990), un livre regroupant dix nouvelles écrites par un groupe d'auteurs nés dans les années 1940.
La musique
La musique andine est considérée comme la musique traditionnelle du pays et consiste en un mélange d'influences précolombiennes et espagnoles. Elle est pentatonique à l'inverse de nos 8 notes classiques. Les principaux rythmes sont le sanjuanito, le cachullapi, le yumbo et le danzante. Ces musiques sont majoritairement jouées lors des fêtes religieuses ou des cérémonies, par des groupes de 3 musiciens au moins. Les instruments de base sont alors le rondador, une petite flûte de bambou, le guarumo, un cuivre, le charango, une petite guitare à cinq cordes doubles aux sonorités aiguës et une percussion au son lourd comme le bombo. Sur la côte pacifique, d'autres styles de musique se retrouvent, partagés entre les influences espagnoles comme le pasillo ou le pasacalle. Dans la province d'Esmeraldas, les Afro-Equatoriens partagent les musiques issues de la culture noire colombienne, centrées autour du marimba, un gros xylophone en bois, et des percussions. On y danse le bambuco, le currulao ou la bomba, aux sonorités très africaines.