A l'image des multiples rebondissements de son histoire, l'architecture crétoise reste sans conteste l'une des plus riches de la Grèce. Temples minoens, monastères byzantins, églises et palais vénitiens, demeures ottomanes... Les passionnés n'ont que l'embarras du choix ! Sans compter l'originalité des constructions dans les petits villages. La plupart sont en effet divisés en plusieurs groupes d'habitations correspondant à des altitudes différentes : « kato » pour le bas, « meso » pour le milieu et « pano » pour les constructions les plus hautes.
Dans de nombreux villages, comme à Zakros, à l'extrême est de l'île, certains habitants vivent en hiver dans la partie haute. Et descendent au début de l'été dans leurs petites résidences de Kato Zakros, les pieds dans l'eau !
La littérature en Crète
Largement influencée par la Renaissance italienne mais aussi par les traditions grecques et byzantines, la littérature crétoise connut une ère particulièrement fructueuse vers la fin du XVe siècle, avec notamment deux œuvres : Erophile, de Hortatzis, et Erotokritos, de Kornaros, une longue odyssée de quelque 10 500 vers. Il faudra ensuite attendre la libération du joug turc et plus précisément la fin de la Première Guerre mondiale pour qu'émergent de nouveaux courants. Chef de file de la génération montante, Nikos Kazantzakis (1883-1957), né à Héraklion, et sans doute le plus grand écrivain grec moderne, écrivit des pages très fortes sur l'identité crétoise, notamment dans le célèbre Alexis Zorba. Ou encore dans son roman La Liberté ou la mort, dans lequel il décrit la misère subie par ses compatriotes durant l'occupation turque. Tout aussi apprécié dans l'île, Pandélis Prevelakis (1909-1986), le plus crétois des écrivains grecs, exalte dans ses romans l'idéalisme et le courage de ses compatriotes. Sensible, romanesque, son oeuvre se plaît à décrire une Crète héroïque et révolutionnaire. Aujourd'hui encore, Chronique d'une cité ou Le Soleil et la Mort constituent les livres de chevet de bon nombre de Crétois. Y compris des plus jeunes.
Ne vous trompez pas de raki !
Alcool très apprécié dans toute la Crète, le raki est un marc de raisin au délicat parfum de thym que l'on produit de façon artisanale dans la plupart des villages. A ne surtout pas confondre avec le raki turc, plus fort et plus anisé !
La musique et le folklore
En Crète, pas de mariage, de baptême ou de fête sans musique ! Bien vivant, le folklore crétois se différencie largement des mélodies grecques avec deux instruments bien spécifiques: la lyra, sorte de viole à trois cordes, et le laouto, très proche de la mandoline. Dans toutes les fêtes, c'est le joueur de lyra qui donne le ton. Frôlant seulement les cordes, il chante l'amour, l'exil ou le désir de la liberté, reprenant le plus souvent les poèmes du héros local, Nikos Xylouris. Jeune berger, ce Crétois fabriqua lui-même son instrument et fut rapidement reconnu comme l'un des compositeurs et poètes les plus doués de Crète. Ces musiques s'accompagnent le plus souvent de danses. Le syrto, durant lequel femmes et hommes tiennent des mouchoirs évoquant l'écume. Ou encore le pentozalis, une danse à cinq pas, acrobatique et ultrarapide.
Le cinéma
Bien que né à Chypre, le réalisateur Michel Cacoyannis a immortalisé l'âme crétoise en mettant en scène Zorba le Grec (1965), tiré du roman de Kazantzakis. Mais les Crétois s'enorgueillissent également du renouveau du cinéma grec depuis les années 1960. Toujours sensibles à l'évocation de l'oppression, ils ont largement plébiscité les oeuvres de Costa-Gavras, notamment Z, qui, en 1968, dénonça violemment la Grèce des colonels. Plus actuelle, l'oeuvre de Théo Angelopoulos suscite également un certain engouement.
La peinture
Comme dans toute la Grèce, l'île regorge de sublimes icônes, dans les églises, bien sûr, mais aussi à l'intérieur des maisons, dans les petites chapelles qui ornent les routes (ikonostasio) ou même dans les cuisines des restaurants ! Représentations picturales d'un saint ou d'un événement biblique et toujours peintes sur un support de bois, les icônes jouent un rôle très différent des images pieuses de nos églises. Elles sont l'incarnation même des personnages sacrés et, à ce titre, font l'objet d'une grande vénération. Parmi les plus célèbres, les six icônes de Mikaïl Damaskinos exposées dans l'église Agia Ekaterini d'Héraklion restituent à merveille la double influence byzantine et vénitienne qui signe bon nombre d’œuvres crétoises.