La société chinoise connaît bouleversements et disparités. Des mondes séparent une demoiselle han de Shanghai, célibataire par choix, reliée à ses amis et collègues par portable interposé, qui loue des DVD et se connecte à Internet, et une jeune fille miao du Guizhou, mariée à vingt ans, qui descend chaque semaine de son village, privé d'électricité et d'eau courante, pour aller vendre au marché les salades de son potager et quelques oeufs.
Tout oppose aujourd'hui ceux qui ont vécu la Chine en construction et ceux qui vivent les heures du libéralisme. Un face-à-face parfois douloureux entre les dépositaires d'une morale faite de privations au bénéfice de la communauté et d'une autre fondée sur la réussite à tout prix. Sans parler des effets d'une société métamorphosée par le planning familial. En 2000, les « petits empereurs », enfants uniques issus de la politique de restriction des naissances, sont à l'université. Avec un excédent masculin de 20 %, ils composent la génération des futurs hommes seuls : un Chinois sur six ne trouvera pas à se marier.
Zhaole, « en quête de plaisir »
La nuit venue, les villes chinoises s'éveillent en néons tapageurs. Restaurants, salons de coiffure et de massage, maisons de thé, cyber-cafés, bars à musique, karaoké, discothèques... Il y en a pour tous les goûts, toutes les bourses et toutes les générations, mais toujours pour répondre à l'hédonisme retrouvé. La Chine s'éveille aux plaisirs des sens, et on lui en donne le loisir. Depuis 1997, les citadins découvrent les joies du shopping sur deux jours de week-end. En 2000, les Chinois disposent de dix jours fériés. Au détour des rues, on voit réapparaître les jeux longtemps interdits. Les voisins se retrouvent pour une partie d'échecs (xiangqi), de go (weiqi), ou pour faire claquer les dominos du mah-jong.