Les Chinois ont fourni au monde un fabuleux catalogue de recettes et techniques ingénieuses, fruit d'un regard attentif et curieux sur les phénomènes de la nature. Tandis que l'Europe du XVIIe siècle s'ouvrait enfin à la science moderne, Francis Bacon inventoriait trois découvertes dotées du « prestige de pouvoir transformer le monde » : l'imprimerie, la poudre à canon et l'aimant. Mais Bacon mourut sans savoir que ces découvertes majeures avaient été faites par des inventeurs chinois. Les Chinois ont procédé à des expériences dans les domaines hydraulique et agricole, ont conduit des observations astronomiques rigoureuses. L'inventaire des machines et des connaissances qui en découlèrent est une liste sans fin : gouvernail axial, pompe à chaîne, machine de vannage à ventilateur rotatif, engrenages adaptés aux roues des voitures, brouette, horloge hydromécanique… Le papier, la soie et la porcelaine tirèrent longtemps leur prestige de l'ignorance que l'Occident avait de leur fabrication.
L'architecture
Temples et palais ont à peu près le même plan, articulé sur une succession de pavillons et de cours. L'entrée est précédée d'un mur-écran, décoré ou non. Devant la porte des résidences, c'est un yingbi, « écran d'ombre » ; devant les temples, c'est un zhaobi, « écran de clarté ». Sa fonction est de dissimuler l'intérieur aux regards indiscrets et d'empêcher le passage des mauvais esprits qui, ne se déplaçant qu'en ligne droite, sont incapables de contourner cet obstacle.
Toute architecture est placée sous le signe du « fengshui ». Cette expression désigne l'art de la géomancie, qui consiste à déterminer un site favorable à la construction, après étude des courants aquatiques (shui) et aériens (feng), en fonction de l'emplacement des montagnes, de l'ombre et de la lumière, en un mot en relation avec le yin et le yang. Son principe de base est de recueillir au maximum les influences favorables, arrivant principalement par le sud, et de dévier les souffles néfastes venant du nord.
Les architectures passent, les stèles demeurent. Tous les hauts lieux visités par les lettrés et les empereurs, tous les lieux saints, montagnes sacrées et temples, ont leur forêt de stèles. Monolithes que des tortues sculptées portent sur leur dos, elles forment la chronique du lieu : fondation, restaurations, passages de visiteurs célèbres, dédicaces de poètes inspirés…
La peinture et la calligraphie
Lavis d'encre composant un paysage presque abstrait ou poème tracé dans une calligraphie fluide, les jeux du pinceau sont des arts majeurs. Dès le Ve-VIe siècle, on leur a consacré des traités d'esthétique. On ne possède pas d'oeuvres « originales » pour de si hautes époques, à l'exception de quelques fresques en contexte religieux ou funéraire. Mais l'originalité d'une oeuvre n'est pas un souci chinois. Conserver, c'est transmettre, et l'imitation des maîtres du passé est une méthode de création. Un débutant apprend en copiant d'anciens modèles et progresse au fil de ses découvertes. La répétition de mouvements familiers le conduit de plus en plus près de la maîtrise totale de la forme : il s'exprimera à travers elle. La valeur de l'oeuvre n'est jamais déterminée par les moyens du peintre, mais par la qualité spirituelle de son inspiration.
La calligraphie est le plus prisé des arts en Chine. Elle est classée en différents styles, puisant dans l'évolution historique de l'écriture chinoise (écritures des os oraculaires, des inscriptions sur bronze, des textes anciens sur fiches de bois et de bambou, sigillaire, officielle) ou dans les effets produits par le maniement du pinceau (écriture modèle, cursive courante, cursive rapide, cursive folle).
Les arts de la scène
On regroupe sous le terme d'opéra une infinité de formes d'expression théâtrale, dont la plus connue, car la plus spectaculaire, est le jingju, opéra de Pékin. L'opéra chinois met en scène un monde non réel, à l'aide d'acteurs qui jouent des personnages types et des sujets liés à la société traditionnelle, parfois difficiles à comprendre pour un étranger : loyauté des serviteurs, croyance aux esprits et fantômes, obligations envers les parents, mariages arrangés, etc. Les personnages sont de quatre types, indifféremment joués par un homme ou une femme : les rôles masculins, les rôles féminins, les clowns et les visages peints, dont le maquillage aux couleurs vives et aux traits tourmentés est le miroir d'un caractère affirmé et souvent violent. Les acteurs s'expriment dans un langage particulier, alternant la déclamation et le chant. La danse, pure ou mimée, est soulignée par des costumes en soie rehaussés de broderies.
Acupuncture
La médecine traditionnelle repose sur une philosophie différente de la médecine occidentale. Le corps est considéré comme un ensemble, parcouru de points en rapport avec l'énergie organique ou psychique. Ces points sont répartis sur des lignes, ou méridiens, et l'action des aiguilles d'or ou d'argent permet d'augmenter ou de diminuer la quantité relative d'énergie dans un méridien particulier, rétablissant l'équilibre. Même souci d'équilibre dans les préparations médicinales. En Chine, les officines ressemblent à des cuisines. Ecorce d'eucomis, bulbes de fritillaire, racines de codonopsis, angéliques chinoises… Les ingrédients sont combinés à la manière d'une recette, suivant chaque prescription individuelle. Cette médecine douce soulage efficacement les petits embarras du voyage, tels rhume, douleurs et fièvre.