Alma Mahler ou l'art d'être aimée, Françoise Giroud (Robert Laffont, 1988). La Femme de Vienne, Lucian O. Meysels (Le Chemin vert, 1986). L'Esprit viennois - une histoire intellectuelle et sociale 1948-1938, William M. Johnston (Puf/Perspectives Critiques, 1985). Les Strauss, Hans Fatel (Editions Buchet/Chastel, 1986). Art nouveau à Vienne, Werner Josef Schweiger (Herscher, 1990). Egon Schiele, Reinhard Steiner Taschen, 1991). Gustav Klimt, Gottfried Fliedl (Taschen, 1990). Vienne fin de siècle - politique et culture -, Carl E. Schorske (Seuil, 1983). Vienne - 1880-1938 - l'apocalypse joyeuse (Editions du Centre Pompidou, 1986).
L'architecture et la peinture
Le roman, le gothique et la Renaissance sont présents en Autriche, mais les styles les plus spécifiques sont le baroque, le Biedermeier et l'Art nouveau. Le baroque a trouvé - une fois les épidémies de peste et le péril turc passés - une terre d'élection en Autriche, et on le considère souvent comme l'incarnation du génie autrichien. Johann Bernhard Fischer von Erlach est l'un de ses maîtres, qui a contribué à en faire un style national à partir d'éléments originels empruntés à l'Italie. On doit à ce dernier des palais et des églises à Vienne, dont la Hofburg et l'église Saint-Charles Borromée. Johann Lukas von Hildebrandt, bâtisseur du palais du Belvédère, et Jakob Prandtauer, qui construisit le prestigieux monastère de Melk, en sont deux autres grands noms. Ces architectes s'assuraient la collaboration de peintres géniaux, comme Michael Rottmayr. Le Biedermeier est un style de vie typiquement autrichien propre à la culture bourgeoise des années 1815 à 1848. Brimée en politique, la bourgeoisie s'intéresse au confort de son habitat, qui se veut simple plutôt que grandiose comme le baroque. Elle a laissé de grands peintres, dont les thèmes de prédilection sont les tableaux de moeurs, les paysages réalistes, les scènes de genre, les natures mortes. Parmi eux, citons Pierre Fendi, Friedrich Amerling et Ferdinand Georg Waldmüller. En 1897, on assiste, avec la création du mouvement « Sécession de Vienne », à une révolution artistique basée sur l'esthétisme. Ce mouvement, connu également sous la désignation d'Art nouveau, cherche à rompre avec l'éclectisme et l'académisme dominant la scène artistique de l'époque. L'architecte Otto Wagner, qui édifia la Caisse d'épargne postale et l'église Am Steinhof, à Vienne, et le peintre Gustav Klimt, protagonistes de cet art, furent rapidement suivis par d'autres tels Kolo Moser, Joseph Hoffmann, Adolf Loos. Le nouvel art de vivre qu'ils prônaient - avec, notamment, la création d'un artisanat d'art sorti des ateliers viennois, les fameux « Wiener Werkstätte » - annonçait déjà la modernité.
La littérature
Parmi les écrits les plus anciens, le chant des Nibelungen, écrit vers l'an 1200, fut redécouvert au XIXe siècle. L'Autriche compte, à cette époque, écrivains et dramaturges célèbres dont on joue toujours avec succès les pièces de théâtre : Franz Grillparzer, Ferdinand Raimund, Johann Nestroy. Mais ce sont les écrivains du début du XXe siècle - Arthur Schnitzler, Stefan Zweig, Robert Musil - qui sont davantage connus au-delà des frontières. Quant aux contemporains, citons le Carinthien Peter Handke, résidant en France, et Thomas Bernhard, l'enfant terrible du pays, décédé en 1989, qui prenait grand plaisir à dénoncer les travers nationaux de ses compatriotes. Une de ses oeuvres, Heldenplatz (la place des Héros), qualifiée d'insulte à son peuple, fut même censurée en Autriche, à qui il interdit, dans son testament, toute utilisation de ses écrits jusqu'en 2059.
Le cinéma
De grands noms du cinéma autrichien émigrent aux Etats-Unis au début du XXe siècle, attirés par le rêve américain et les lumières d'Hollywood ou fuyant le nazisme. Parmi eux, Erich von Stroheim, né en 1885 à Vienne, émigra dès 1909. Il fut, entre autres, le héros du célèbre film de Jean Renoir La Grande Illusion. Fritz Lang aussi réalise la plupart de ses films à l'étranger : M le Maudit, Metropolis... Joseph von Sternberg, lui, tourne L'Ange bleu avec Marlene Dietrich. Après la Deuxième Guerre mondiale sort la série des Sissi de Marischka. L'énigme de Mayerling a inspiré de nombreuses réalisations, dont celles de Max Ophüls (1950) et de Terence Young (1960). L'après-guerre, c'est également « Le Troisième Homme » de Carol Reed, avec Orson Welles, qui décrit l'atmosphère pesante des réseaux d'espionnage. Plus récemment, le cinéaste Axel Corti (1933-1994) s'est rendu célèbre avec la trilogie Welcome in Vienna, sortie sur les écrans en 1986 et qui a pour toile de fond l'histoire de l'Autriche.
La musique et ses maîtres
Elle fait partie intégrante de la vie des Autrichiens. Toute famille encourage ses enfants à jouer de divers instruments et fréquenter les chorales. On peut évoquer les choeurs des petits chanteurs de Vienne, mondialement connus, mais des orchestres folkloriques existent dans tout le pays. La tradition musicale remonte à plus de 200 ans. Son âge d'or, celui des « classiques viennois », se situe milieu XVIIIe - début XIXe siècle, avec Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Joseph Haydn et Franz Schubert. Le deuxième souffle fait son apparition fin XIXe, début XXe siècle, avec la période romantique : Johannes Brahms, Anton Bruckner et Gustav Mahler en font partie. Les rois de la valse et de l'opérette, la famille des Strauss et Franz Lehár, sont Viennois. Au début du siècle, trois grands innovateurs de l'école viennoise, Arnold Schönberg, Alban Berg et Anton Weber, annoncent la modernité en remettant en question les lois de la tonalité, en vigueur depuis plus de trois cents ans. Si l'Opéra de Vienne a la réputation d'être l'un des meilleurs du monde, divers festivals de musique de grande renommée sont organisés dans tout le pays : à Salzbourg (festival Mozart), depuis 1920, à Bregenz (spectacles d'opéra et de ballet sur le lac de Constance), à Feldkirch (les Schubertiades), à Linz (fête Bruckner) et à Eisenstadt (festival Haydn).
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Introduit à la Cour dès l'âge de six ans, il joue de façon admirable devant l'impératrice Marie-Thérèse et les jeunes archiduchesses, elles aussi mélomanes. Pourtant, Vienne ne sera jamais tendre avec le petit génie salz-bourgeois, qui fut inhumé dans une fosse commune d'un cimetière de la ville.
Strauss, père (1804-1849) et fils (1825-1899)
Les deux Johann furent de de dangereux concurrents dans le monde de la valse. Strauss père n'encouragea jamais son fils à suivre ses traces, le destinant davantage à faire carrière dans le domaine commercial, en vain. Si le père laissa à la postérité la célèbre Marche de Radetzsky, son fils légua un vaste répertoire de 200 valses, dont le Beau Danube Bleu, la Valse de l'Empereur... et des opérettes : La Chauve-Souris, Le Baron tzigane.
Gustav Mahler (1860-1911)
Disciple d'Anton Bruckner, il mène de front une double carrière de compositeur et de chef d'orchestre. Auteur de neuf symphonies et d'une cinquantaine de Lieder, il prend un tournant décisif dans sa carrière lorsqu'il est nommé au poste de directeur de l'Opéra de Vienne, qu'il occupe entre 1897 et 1907.
Herbert von Karajan (1908-1989)
Chef d'orchestre de renom, ce grand perfectionniste trouve son nom associé aux structures musicales les plus prestigieuses. Directeur du festival de Salzbourg, sa ville natale, directeur musical de l'Opéra de Vienne, il dirigea également le concert du Nouvel An, institution mondialement connue, durant de nombreuses années.