Estancias, les grandes demeures d'Argentine, Maria Saenz Quesada et Xavier Verstraeten (Ediciones Larivière), 1992. Argentina, panorama, Aldo Sessa (Ediciones Cosmogonias, 1992).
La peinture, la sculpture et l'architecture
En peinture, on retiendra le représentant d'une peinture réaliste, Antonio Berni, et Xul Solar, grand aquarelliste qui illustre de nombreux textes de Borges, et Benito Quinquela Martín, peintre populaire par excellence, apprécié pour sa vision simple, sans prétention et son goût pour la couleur. La majorité des sculpteurs argentins ont fait leurs études en Europe; leur style et leurs techniques sont des plus académiques. Principal commanditaire, l'Etat argentin fait appel à Luis Correa Morales, Lola Mora ou encore à Rogelio Yrurtia pour la construction de monuments. L'architecture argentine, elle, est un mélange original, né de l'influence coloniale espagnole ainsi que de celle des beaux-arts français. Au cours des années 1930, une génération argentine s'affirme et impose l'architecture moderne, notamment Clorindo Testa, Justo Jorge Solsona et Flora Alicia Manteola.
La littérature
Au XIXe siècle, les luttes pour l'indépendance et les inquiétudes exprimées sur les conséquences de la modernisation influencent la littérature argentine. Facundo, de Domingo Sarmiento, oeuvre majeure de l'histoire culturelle argentine, évoque le débat sur la constitution et l'organisation du pays. Dans Martín Fierro, l'écrivain José Hernández présente un gaucho poussant un cri de révolte face à l'évolution trop rapide du pays. Au XXe siècle, un mouvement littéraire d'avant-garde se développe à travers différents magazines comme la revue Sur, de Victoria Ocampo, aristocrate progressiste. Un groupe d'auteurs adopte de nouveaux préceptes : utilisation d'un style indirect, rejet du réalisme et des symboles nationalistes, emphase mise sur le lecteur et non plus sur l'écrivain… Cela marque le début de la carrière de Jorge Luis Borges. Les années 1960 sont celles d'une véritable effervescence, illustrée par le roman de Julio CortázarRayuela, ainsi que par l'oeuvre d'Ernesto Sabato, auteur de Sobre Héroes y Tumbas (Sur les héros et les tombes). Malgré les années noires de la dictature militaire et de censure, la littérature argentine est aujourd'hui très riche. Elle compte même un de ses représentants à l'Académie française : Héctor Bianciotti.
Le « maté », une boisson nationale
Le « thé des Jésuites », sorte de thé vert connu pour ses qualités diurétiques, était déjà une boisson apparemment consommée par les Indiens précolombiens. Très appréciée des gauchos, elle est servie dans un récipient nommé mate (sorte de calebasse) afin de préserver sa température ainsi que son arôme. Le liquide, au goût amer, se boit au moyen d'une paille en métal appelée bombilla. Les Argentins apprécient le mate à tout moment, à la maison comme sur leur lieu de travail. Le mate (le récipient) et la bombilla constituent des objets courants de l'artisanat argentin. Certains, ciselés dans le métal et rehaussés de dorures, sont de véritables chefs-d'oeuvre.
La musique et le folklore
A Buenos Aires, c'est le tango qui prime. Dans les provinces, musique et danse revêtent des spécificités régionales. Héritage des danses traditionnelles, les zambas sont très lentes, alors que le rythme plus soutenu des chacareras évoque le mouvement du cheval. Le folklore argentin trouve ses racines dans un curieux mélange entre musique indienne et apports espagnols. La musique du nord-ouest est culturellement proche de celle de la Bolivie et du Pérou, et on y retrouve les instruments traditionnels andins : la quena - flûte indienne en roseau -, le charango - petite guitare faite d'une carapace de tatou -, la zampona et l'antara (flûtes de Pan de tailles très variées). Tous ces instruments sont accompagnés au rythme du bombo, puissant tambour en bois et en peau de chèvre. Dans les Andes, lors des fêtes populaires, le bombo s'entend à des kilomètres à la ronde, ce qui lui vaut le surnom de bombo leguero (legua signifie « lieue »en espagnol). Assister à un spectacle du folklore argentin, interprété par des gauchos chanteurs et danseurs, est du plus haut intérêt. Non seulement ils chantent et ils jouent de la guitare, mais ils dansent en faisant virevolter leurs boleadoras (boules en cuir reliées par des lanières pour attraper les nandous et le bétail). Parmi les grands musiciens argentins, on citera Mercedes Sosa,Atahualpa Yupanqui (grands chanteurs et poètes), Los Chalchaleros (chants des provinces argentines) et surtout Los Andariegos, virtuoses du chant et de la guitare, d'un talent lyrique sans égal.
Le tango argentin
Né à la fin du XIXe siècle, le tango est la danse et la musique de Buenos Aires. Il se développe dans les maisons closes des zones portuaires, où les immigrants solitaires viennent chercher compagnie et réconfort. Musique nostalgique, le tango rappelle dans ses paroles le souvenir de la terre ou de l'être aimés. Comme le disent les Argentins, le tango est « une pensée triste qui se danse ». Devenu danse à succès, le tango se chante et se convertit en un style instrumental propre avec l'arrivée du bandonéon (petit accordéon importé d'Allemagne). Carlos Gardel, Toulousain arrivé en Argentine à l'âge de trois ans, grande voix du tango, fait appel à des écrivains populaires et diffuse ainsi cette musique dans le monde entier.
Le cinéma
Le cinéma se développe à partir des années 1920 avec l'invention du son. C'est le début d'un cinéma populaire. Les films sont tournés en milieu urbain et s'attachent à un certain réalisme. Pourtant, ce style s'essouffle rapidement. Le cinéma se renouvelle durant les années 1950. Il affiche un message plus politique. En raison probablement du contexte politique, les adaptations des années 1960 et 1970 choisissent des thématiques nationalistes et populistes. Après une période de censure très stricte, c'est enfin dans les années 1980 que le cinéma argentin fleurit. De nombreux films sur l'exil et le retour sont réalisés par des réalisateurs tels que Puenzo, Bemberg et Solanas. En 1986, un film argentin reçoit son premier oscar : L'Histoire officielle (La Historia oficial), de Luis Puenzo, sur le thème de la dictature militaire et de ses disparus, entre 1976 et 1983. Les années 1990 donnent naissance à de nombreux films cultes tels que El lado oscuro del corazón, de Eliseo Subiela, Un lugar en el mundo, de Adolfo Aristarain, Tango Feroz, de Marcelo Piñeyro ou bien encore Pizza, birra y faso, de Bruno Stagnaro y Adrián Caetano.